Décryptage. Quand la 3ème édition du Congrès de l’ONU pour les Océans se tient à Nice du 9 au 13 juin, la pollution atmosphérique issue du maritime s’impose en toile de fond. Pour surveiller son impact écologique et sanitaire, AtmoSud déploie un dispositif de surveillance dans les principaux ports de la région Sud et installe une nouvelle cabine de mesure des polluants maritimes de l’air dans le GPMM.
Dans quelques jours, elle sera officiellement raccordée au réseau électrique. Puis étalonnée aux systèmes de mesure de la qualité de l’air d’AtmoSud. Notamment grâce au soutien financier de la Région Sud, qui assurera également son fonctionnement dans le cadre du plan Escale Zéro Fumée. Marseille-Port Nord, la cabine installée sur le quai en contre-bas de la falaise de Mourepiane, dans le nord du Grand Port Maritime de Marseille, permettra à l’Observatoire Air-Climat-Energie de suivre l’évolution des principaux polluants du secteur maritime en temps réel : particules fines PM2.5, particules ultrafines (PUF) et leurs concentrations en Black Carbon (carbone suie). Mais aussi les concentrations en oxydes d’azote (NOx) et en dioxyde de souffre (SO2). Des polluants de l’air principalement issus de la combustion fossile du fuel, dont le double impact écologique et sanitaire est toujours plus démontré.

60 000 morts par an dus à la pollution maritime dans le monde
Sur le plan sanitaire, les effets des PM2.5, des PUF, des NOx et du SO2 sur la mortalité et la morbidité prématurées sont en effet bien documentés. Selon les études, la pollution de l’air provenant du transport maritime est ainsi responsable de 50 000 à 60 000 morts par an à l’échelle mondiale. Soit, l’équivalent de la totalité des habitants des villes de Fréjus, de Hyères ou encore de Cagnes-sur-Mer et d’Arles. Des chiffres inquiétants que l’intégration de carburants maritimes plus propres, notamment en teneur en soufre, ont pourtant permis d’améliorer. Selon une publication parue dans la revue scientifique Nature, avant leur utilisation, les impacts sanitaires liés aux navires se chiffraient à environ 400 000 décès prématurés dus au cancer du poumon et aux maladies cardiovasculaires par an dans le monde. Et à près 14 millions de cas d’asthme infantile.
Sur le plan environnemental et écologique, le transport maritime représente 3% des émissions anthropiques mondiales de de CO2 (dioxyde de carbone), dixit l’Organisation Maritime Internationale (OMI-2020). Dépassant actuellement le milliard de tonnes, elles pourraient augmenter de 130 % d’ici à 2050 selon cette même source. Polluant l’air et l’eau des mers et des océans.
AtmoSud présent à l’UNOC 3
Les mers et les océans entretiennent une relation étroite et continue avec l’atmosphère. A ce titre, les équipe d’AtmoSud seront présentes du 4 au 6 juin au One Ocean Science Congress de Nice, événement qui s’inscrit dans le cadre de la 3ème édition du Congrès des Nations Unies pour les Océans. Elles y présenteront le dispositif de surveillance déployé par l’Observatoire dans les ports de la région Sud (Grand Port Maritime de Marseille, mais aussi Ports Rade de Toulon, en appui financier avec la Région Sud, la Métropole Toulon Provence Méditerranée et la CCI du Var) pour évaluer la pollution maritime de l’air sur le territoire.
Mesurer l’impact de l’augmentation du trafic maritime en région Sud
Dans un territoire où le maritime s’impose comme le premier émetteur d’oxydes d’azote dans les Bouches-du-Rhône et à Marseille (respectivement 33% et 53% des émissions), et le second au niveau régional (21%), surveiller l’évolution des polluants du secteur est donc capital. D’autant que le trafic maritime régional devrait s’aligner sur des prévisions mondiales en hausse dans les années à venir. En croissance constante depuis les années 1950 (entre 3 et 4 % par an en moyenne), le volume de marchandises transporté par fret maritime pourrait ainsi croître de 35 % à 40 % dans le monde d’ici 2050 selon l’Organisation Maritime Internationale (OMI). Une tendance qui tend à se confirmer sur le territoire : en 2024, le GPMM enregistrait une hausse de 9% de son transport de conteneurs, venant consolider sa position stratégique dans les échanges mondiaux.
« Grâce à l’installation de cette nouvelle cabine de mesure dans la zone nord du GPMM à Marseille, nous posséderons des données plus fines et plus représentatives de l’impact des polluants du secteur. Elle nous permettront de pouvoir établir des modélisations sur l’évolution de la pollution atmosphérique au vu de l’augmentation du trafic maritime actuelle et à venir », commente Damien Piga, responsable Innovation chez AtmoSud.
Un navire de croisière arrêté à quai pendant une heure émet autant de pollution qu’environ 30 000 véhicules roulant à 30 km/h
Sénat-2023
La deuxième station de mesure d’AtmoSud dans le port Marseille-Fos
Les mesures obtenues permettront également de constater « si les actions déployées par le secteur s’alignent sur les exigences européennes pour parvenir au zéro émission nette des navires en 2050. Si le maritime a pu paraître en retard sur ce point, il faut reconnaître que le port de Marseille-Fos est aujourd’hui en avance sur la réglementation de 2030″, poursuit Damien Piga.
Essentiellement grâce aux actions déployées dans le cadre de la dynamique régionale du plan « Escale Zéro Fumée ». Comme le raccordement des navires à quai, l’acquisition de bateaux naviguant au gaz naturel liquéfié (gnl), ou encore, première mondiale, l’installation d’un filtre à particules sur Le Piana, ferry de la compagnie La Méridionale. Les dispositifs AtmoSud vont donc permettre de vérifier l’efficacité de ces innovations sur la qualité de l’air.
Et la cabine de mesure Marseille-Port Nord, renforcer ses moyens de surveillance dans le port de Marseille-Fos : la plateforme de participation citoyenne Signal’Air, pour signaler les pollutions visuelles et olfactives. 13 capteurs disposés en différents points stratégiques. Et les données fournies par une première station installée au Sud du Port euroméditerranéen depuis l’an dernier : Henri Verneuil, qui jouxte le centre commercial Les Terrasses du Port.

Une implantation concertée avec les riverains et la direction du GPMM
« La position de cette nouvelle station de mesure est assez stratégique. Elle se situe à l’entrée des bateaux dans le port et à proximité de la zone d’accueil des paquebots de croisière. Mais aussi de la forme 10 de réparation, l’une des plus grandes en Méditerranée. L’espace de déserte des porte-containers se trouve quant à lui juste derrière », précise Sonia Oppo, Ingénieure d’études et de modélisation.
Cette implantation a été choisie en concertation avec les associations de riverains et la direction du GPMM, qui partage ses données avec AtmoSud et soutient financièrement l’ensemble du dispositif. Désireuse de mesurer l’impact des actions qu’elle déploie en faveur de sa performance environnementale et du verdissement de ses activités. Le premier port de France a notamment investi 18,8 millions d’euros l’an dernier pour la connexion électrique des navires à quai et l’installation de centrales photovoltaïques.
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