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La qualité de l’air s’améliore-t-elle aussi en région Sud ?

Décryptage. Le Conseil d’Etat vient de dispenser l’Etat d’une nouvelle sanction financière en matière de pollution atmosphérique, estimant que la qualité de l’air s’améliore de façon constante dans l’Hexagone. Qu’en est-il en région Sud et au regard de la nouvelle Directive européenne sur la qualité de l’air ?

L’air s’améliore de façon constante en France. C’est sur ce constat que la plus haute instance administrative de France a épargné l’Etat, le 25 avril, de devoir s’acquitter d’une nouvelle astreinte financière pour dépassements des normes européennes de la qualité de l’air. Après l’avoir condamné à trois reprises (2021, 2022,2023) à verser une amende totale record de 40 millions d’euros pour inaction face à la pollution dans plusieurs grandes villes, le Conseil d’Etat estime cette fois que les actions déployées en faveur d’une meilleure qualité d’air dans l’Hexagone sont probantes. Pour les concentrations de particules fines (PM10), et surtout de dioxyde d’azote (NO2). Un gaz de la famille des oxydes d’azotes (NOx) nocif pour la santé, émis principalement par le transport routier, l’industrie et le maritime.

Sur les 13 zones urbaines en dépassement pointées par des associations de défense de l’environnement au début du contentieux, en 2017, seules les agglomérations de Paris et de Lyon dépassent encore le seuil réglementaire européen de 40 µg/m³ de NO2 (microgrammes par mètre cube en concentration moyenne annuelle). La France respire donc globalement mieux. Mais il lui faudra accroître encore sa capacité respiratoire pour répondre au durcissement progressif des seuils de la nouvelle Directive européenne pour 2030 et 2050.

La population toujours exposée au NO2 dans plusieurs villes en région Sud

Et en région Sud, où en sommes-nous ? En dix ans (2013-2023), la qualité de l’air s’est incontestablement améliorée dans les principaux fiefs territoriaux. Les concentrations de dioxyde d’azote (NO2) et de particules fines (PM10) ont nettement reculé dans le but de respecter les valeurs européennes en vigueur. En ce qui concerne les PM10, le 0% de dépassement s’impose sur l’ensemble de la région. Pour le dioxyde d’azote en revanche, certains territoires régionaux phares, bien qu’en net recul, ne sont toujours pas au rendez-vous des exigences européennes. C’est le cas de la Métropole Aix-Marseille-Provence, de la Métropole Nice Côte d’Azur et de la Métropole Toulon Provence Méditerranée. Des zones urbaines denses, situées à proximité des principaux axes routiers, où se concentrent les populations et les sources de pollution. 0,1% des habitants y vivent encore au-dessus des seuils européens réglementaires d’exposition.

Moyenne NO2 Toulon – 2023
Moyenne NO2 Marseille – 2023
Moyenne NO2 Nice – 2023
  • Part de la population vivant au-dessus des seuils réglementaires européens de NO2 (40 µg/m³)
20132023
Métropole Aix-Marseille-Provence90 000 personnes≤ 500 personnes
Métropole Nice Côte d’Azur101 000 personnes≤ 500 personnes
Métropole Toulon Provence Méditerranée6 000 personnes≤ 500 personnes

Des concentrations actuelles de NO2 en région Sud qui interrogent

Dans une région où le transport routier s’impose comme la principale source de pollution aux NOx derrière le maritime et l’industrie, la non-atteinte des seuils réglementaires dans ces trois agglomérations interroge. Si le dépassement de 0,1% peut en effet paraître « dérisoire », il montre surtout la difficulté pour ces territoires (et plus globalement pour la France) à s’aligner sur des valeurs portées par une Directive européenne de la qualité de l’air qui date de 2008, pour une mise en application en 2010. En 15 ans, les Métropoles Aix-Marseille-Provence, Nice Côte d’Azur et de Toulon ne sont donc pas encore parvenues à être totalement dans les clous européens. On peut donc se demander comment elles parviendront à se conformer à de nouveaux référentiels amputés de moitié (20 µg/m³ de NO2 au lieu de 40 actuellement) en seulement cinq ans.

D’autant que ce questionnement rencontre des enjeux sanitaires de la qualité de l’air bien réels en région Sud. En février dernier, Santé Publique France révélait que 4 100 décès prématurés dus à la pollution atmosphérique pourraient être évités chaque année en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dont 2 500 à Marseille (40 000 décès en France, 300 000 en Europe). Comme plusieurs milliers de cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires et métaboliques.

Le plan de l’UE « zéro pollution » vise à réduire de 55 % le nombre des décès prématurés en 2030 et de 75% en 2050 par rapport à 2005.

Vers 100% de la population de la région Sud exposée en 2050 ?

Quel panorama de la qualité de l’air afficherait la région Sud si les seuils européens de 2030 devaient s’appliquer aujourd’hui ? Ce n’est alors plus 0,1% de la population qui vivrait au-dessus du seuil légal de dioxyde d’azote dans ces agglomérations. Mais bien 50,7% dans la Métropole Aix-Marseille-Provence, 42% dans la Métropole niçoise, et 8,5% dans la Métropole de Toulon. A l’heure du « zéro pollution en 2050 » visé par l’Europe pour s’aligner sur les recommandations de l’OMS, les trois entités sudistes avoisineraient même les 100% de population exposée. Au regard de ces données, on peut s’interroger sur la pertinence d’une suppression des Zones à Faible Emissions (ZFE), comme l’envisage le gouvernement.

  • Part de la population exposée au NO2 en 2030 et 2050 sur base des valeurs actuelles
20302050
Métropole Aix-Marseille-Provence50,7%
443 000 personnes
97%
846 000 personnes
Métropole Nice-Côte d’Azur42%
231 000 personnes
83%
460 000 personnes
Métropole Toulon Provence Méditerranée8,5%
38 000 personnes
83%
372 000 personnes

ZFE en région Sud : une efficacité prouvée ?

Mise en place en septembre 2022, la ZFE-m Marseille est restée dans le rang de la pédagogie. Les vignettes Crit’Air n’y ont pas fait l’objet de réels contrôles . Crédit : Pixabay

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