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Fumées du Canada, poussières du Sahara, ozone : la pollution plane en région Sud

Météo et pollution. Quand les forêts canadiennes sont une nouvelle fois aux prises d’incendies ravageurs, la France, et particulièrement le sud-est, subissent leurs panaches de fumées chargés en particules fines. En résulte un ciel laiteux et brunâtre qui devrait se brouiller encore sous l’effet de poussières sahariennes dans les prochains jours.

A quand le ciel bleu estival qui caractérise habituellement le mois de juin dans nos contrées sudistes? Pas pour tout de suite visiblement. Entre fumées du Canada, poussières du Sahara et ozone, la pollution plane en région Sud. Depuis ce week-end, l’ensemble de l’Hexagone, et plus particulièrement le sud-est, subissent de plein fouet les fumées chargées en polluants atmosphériques transportées depuis le Canada. Le résultat des gigantesques incendies qui dévastent les forêts du pays depuis plusieurs semaines : plus de 230 feux y sont encore actifs, affichant à ce jour le triste bilan de quelque 2,3 millions d’hectares partis en fumées. « Un phénomène dramatique et d’autant plus préoccupant qu’il survient très tôt dans la saison. Ses fumées sont portées par un vent orienté ouest, qui traverse l’Atlantique et atteint une grande partie de l’Europe et de la France via la Bretagne », commente Paul Marquis, météorologue marseillais fondateur de la chaîne E-météo Service. En région Sud, son impact s’est particulièrement distingué à Briançon et sur l’ensemble de l’est des Hautes-Alpes, où une alerte record de pollution aux particules fines PM10 a été déclenchée lundi par AtmoSud.

Pic record de pollution aux particules fines dans les Hautes-Alpes

Relever des pics de pollution aux PM10 aussi importants dans les Hautes-Alpes est extrêmement rare. « Lundi à midi, les niveaux ont atteints 90 microgramme par mètre cube et par heure, dépassant nettement le seuil d’information recommandation de 50 microg/m3 journalier », commente Benjamin Rocher, ingénieur d’étude et modélisation chez AtmoSud. Par le passé, seuls trois épisodes de pollution aux particules fines ont été déclenchés dans le département par l’Observatoire Air-Climat-Energie de la région Sud : l’un en 2022, deux autres en mars et juin 2024. Ils faisaient suite à la présence de poussières sahariennes dans l’air. L’épisode actuel représente le pic de pollution aux PM10 le plus important constaté jusqu’ici dans les Hautes-Alpes. Quant aux impacts des incendies qui ravagent les forêts canadiennes de façon récurrente depuis quelques années, AtmoSud a déjà pu les observer en 2024 et en 2023, dans des concentrations moins importantes.

Une pollution constatée de Marseille à Nice, en passant par Salon et Toulon

Ce pic de pollution aux particules fines PM10, qui comprennent une part importante de PM2.5, mais aussi de PM1, des particules ultrafines (PUF) particulièrement néfastes pour la santé, a également été observé par les capteurs d’AtmoSud sur tous les sites d’altitude de la région. Comme sur l’ensemble de ses stations régionales de surveillance de la qualité de l’air. Bien qu’elles restent en-dessous du seuil d’information recommandation actuel de 50 microg/m3, ces concentrations sont pour autant notables sur l’ensemble de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

« Les niveaux de particules fines sont redescendus dans la nuit de lundi à mardi à Briançon. Mais ils ont augmenté sur Marseille, Salon-de-Provence, Cannes, et légèrement sur Aix-en-Provence et Nice », détaille Yann Channac Mongredien, ingénieur d’étude. « Pour le moment, la situation reste relativement calme sur Avignon et sur Arles, quand Gap est moins concernée », précise-t-il. Bien qu’une amélioration de la situation soit prévue mercredi, la surveillance des particules fines restera donc au centre des observations d’AtmoSud dans les prochains jours. D’autant qu’un aérosol de poussières sahariennes est attendu sur la région sud dès mercredi.

Les niveaux de fond de pollution aux particules fines sont redescendus dans la nuit de lundi à mardi à Briançon. Mais ils ont augmenté ailleurs sur le territoire.

Des pics de pollution à l’ozone et aux dust sahariennes à redouter

« Sous l’effet d’une dépression au large de l’Afrique qui remonte par l’Espagne et le Portugal, un aérosol de poussières sahariennes va atteindre les trois quarts de la France dès mercredi », avance Paul Marquis. Transporté par le Siroco, un vent de sud-est, chaud et sec en provenance du Sahara, il devrait culminer jeudi et vendredi en région Sud, comme le montre également les images satellite de Météo France. Et se diluer progressivement jusqu’à dimanche. Porteur de concentrations en particules fines, ce Siroco pourrait être à l’origine de nouveaux pics de pollution aux PM10 sur le territoire.

Un aérosol de poussières sahariennes, transporté par le Siroco, va atteindre les trois quart de la France dès mercredi »

Paul Marquis, représentant de la chaîne E-météo Service.

« D’autant qu’il sera accompagné de fortes chaleurs, puisque le thermomètre grimpera jusqu’à 37°C en Provence », précise le météorologue indépendant marseillais. Couplée à une vent faible, cette hausse subite du thermomètre risque d’engendrer une pollution à l’ozone de l’air. Résultat : les concentrations de ce polluant en augmentation rendront une nouvelle fois la qualité de l’air particulièrement mauvaise sur une large partie du territoire régional.

Approche du Sirocco et des poussières sahariennes. Capture d’écran issue du programme Copernicus de l’union européenne.

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